jeudi 19 août 2010

Allocution du président Obama à l'occasion de l'iftar donné à la Maison-Blanche

Allocution du président Obama à l'occasion de l'iftar donné à la Maison-Blanche

« Le ramadan nous rappelle que l'islam a toujours fait partie de l'Amérique. »
 
Le président Obama lors du dîner iftar. (Département d'État)
"Ce soir, nous nous rappelons que le ramadan est une célébration d'une religion connue pour sa grande diversité (et) que l'islam a toujours fait partie de l'Amérique" a déclaré M. Obama le 13 août 2010.
Ci après la traduction française, fournie par les Services linguistiques du département d'État, de l'allocution faite par le président Barack Obama, le 13 août 2010, à l'occasion d'un iftar donné ce soir-là à la Maison-Blanche.
(Début de la transcription)

La Maison-Blanche
Bureau du secrétaire de presse
Le 13 août 2010

ALLOCUTION DU PRÉSIDENT
AU DÎNER D'IFTAR
Salle à manger d'État
20h37, heure de Washington
Le Président - Bonsoir à tous et à toutes. Bienvenue. Veuillez vous asseoir. Soyez les bienvenus à la Maison-Blanche. À vous, aux Américains musulmans de notre pays et à vous, les plus d'un milliard de musulmans du monde entier, qu'il me soit permis de vous exprimer mes meilleurs vœux à l'occasion de ce mois sacré. Ramadan Karim.
Je souhaite la bienvenue aux membres du corps diplomatique, aux membres de mon administration et aux membres du Congrès, y compris Rush Holt, John Conyers et André Carson, qui est l'un des deux Américains musulmans siégeant au Congrès, l'autre étant Keith Ellison. Soyez tous les bienvenus.
Ici, à la Maison-Blanche, il existe une tradition d'organiser des dîners de l'Iftar depuis plusieurs années, tout comme nous organisons des fêtes de Noël, des Séders et des célébrations de la Diwali. Ces événements célèbrent le rôle que joue la foi dans la vie des Américains. Ils nous rappellent cette vérité fondamentale, à savoir, que nous sommes tous des enfants de Dieu, et que, de nos convictions, nous tirons tous notre force et le sens de notre vie.
Ces événements constituent également une affirmation de notre identité en tant qu'Américains. Les fondateurs de notre nation avaient compris que le meilleur moyen d'honorer le rôle que joue la foi dans la vie de notre peuple était de protéger la liberté de pratiquer la religion. Dans le Statut de l'État de Virginie établissant la liberté de religion, Thomas Jefferson a écrit - et je le cite - « tous les hommes seront libres de faire profession de leurs opinions en matière de religion et, par voie d'argumentation, de les défendre ». Le Premier amendement de notre Constitution a établi la liberté de religion en tant que loi nationale. Et ce droit a été maintenu depuis lors sans discontinuité.
De fait, durant toute notre histoire, la religion a prospéré à l'intérieur de nos frontières précisément parce que les Américains ont joui du droit de pratiquer leur religion à leur guise - ainsi que du droit de ne croire en aucune religion du tout. Et la sagacité de nos pères fondateurs perdure par le fait que l'Amérique demeure un pays profondément religieux - un pays où la possibilité dont jouissent des individus de religions différentes de coexister de manière pacifique et dans le respect mutuel contraste nettement avec les conflits religieux qui persistent de par le monde.
Cela ne veut pas dire que la religion soit dépourvue de controverses. Récemment, l'attention s'est focalisée sur la construction de mosquées dans certaines communautés - notamment à New York. Nous devons tous reconnaître et respecter les sensibilités au sujet des projets de construction dans le quartier sud de Manhattan. Les attentats du onze septembre ont constitué un événement profondément traumatisant pour notre pays. La douleur et les souffrances de ceux qui ont perdu des proches relèvent de l'inimaginable. C'est pourquoi je comprends les émotions soulevées par cette question. Il s'agit bien, en effet, d'une terre sacrée.
Mais je tiens à m'exprimer très clairement. En tant que citoyen et en tant que président, je suis convaincu que les musulmans ont le même droit de pratiquer leur religion que tout autre habitant de ce pays. (Applaudissements) Et que ceci comprend le droit de construire un lieu de culte et un centre communautaire sur un terrain privée du sud de Manhattan, conformément aux lois et ordonnances locales. Nous sommes en Amérique. Et notre engagement envers la liberté de religion doit être inébranlable. Le principe selon lequel les personnes de toutes les religions sont les bienvenues dans ce pays et qu'elles ne seront pas traités différemment par leur gouvernement est essentiel à notre identité. Nous ne pouvons pas revenir sur les ordres des pères fondateurs.
Nous ne devons jamais oublier ceux que nous avons perdus si tragiquement le onze septembre et nous devons honorer à tout jamais ceux qui ont dirigé la réponse aux attentats - des pompiers qui ont pris les escaliers remplis de fumée à nos soldats qui sont déployés en Afghanistan aujourd'hui. N'oublions pas non plus contre qui nous luttons et ce pour quoi nous luttons. Nos ennemis ne respectent aucune liberté de religion. La cause d'Al-Qaïda n'est pas l'islam - il s'agit d'une déformation grossière de l'islam. Ce ne sont pas des chefs spirituels - ce sont des terroristes qui assassinent des hommes, des femmes et des enfants innocents. En réalité, Al-Qaïda a tué plus de musulmans que de personnes de toute autre religion - y compris les musulmans innocents qui ont été tués le onze septembre.
Tels sont ceux contre lesquels nous combattons. Et la raison pour laquelle nous gagnerons ce combat n'est pas simplement due à la force de nos armes - elle est due à la force de nos valeurs. La démocratie que nous pratiquons. Les libertés que nous vénérons. Les lois que nous respectons sans tenir compte de la race, de la religion, de la richesse ou de la position sociale. Notre capacité de faire preuve non seulement de tolérance, mais surtout de respect à l'égard de ceux qui sont différents de nous - et cette façon de vivre, cette croyance qui est la quintessence de l'Amérique, contraste nettement avec le nihilisme de ceux qui nous ont attaqués ce matin de septembre et qui continuent de nous vouloir du mal.
Dans mon discours d'investiture, j'ai dit que notre héritage disparate constituait une force, et non une faiblesse. Nous formons une nation de chrétiens et de musulmans, de juifs et d'hindous - et de non-croyants. Nous sommes façonnés par toutes les langues et cultures, issues des quatre coins de la terre. Cette diversité peut donner lieu à des débats difficiles. Ce n'est pas un fait nouveau. Dans le passé, nous avons été témoins de controverses concernant la construction de synagogues ou d'églises catholiques. Mais, encore et toujours, le peuple américain a démontré qu'il était à même de surmonter ces problèmes, de rester fidèle à ses valeurs fondamentales, et d'en ressortir encore plus fort. Il doit en être - et il en sera - de même aujourd'hui.
Ce soir, nous nous rappelons que le ramadan est une célébration d'une religion connue pour sa grande diversité. Le ramadan nous rappelle aussi que l'islam a toujours fait partie de l'Amérique. Le premier ambassadeur musulman aux États-Unis, de Tunisie en l'occurrence, a été accueilli par le président Jefferson, qui organisa un dîner au coucher du soleil pour son hôte, parce que c'était le ramadan - faisant de cet événement le premier iftar dont on sait qu'il a été célébré à la Maison-Blanche, il y a de cela plus de 200 ans. (Applaudissements)
Tout comme tant d'autres immigrants, des générations de musulmans sont venues ici pour se construire un avenir. Ils sont devenus des agriculteurs et des commerçants, ils ont travaillé dans les manufactures et les usines. Ils ont aidé à construire les chemins de fer. Ils ont aidé à construire l'Amérique. Ils ont fondé le premier centre islamique à New York dans les années 1890. Ils ont construit la première mosquée de l'Amérique dans la Prairie du Dakota du Nord. Et il semble que la plus vieille mosquée d'Amérique encore utilisée de nos jours se trouve à Cedar Rapids, dans l'Iowa.
Aujourd'hui, notre pays se trouve fortifié par des millions d'Américains musulmans. Ils connaissent la réussite dans toutes les professions. Les communautés musulmanes des États-Unis - lesquelles comprennent des mosquées dans tous les cinquante États - œuvrent aussi au service de leurs concitoyens. Des Américains musulmans protègent nos communautés en tant que policiers, pompiers et secouristes. Le clergé musulman de notre pays a pris la parole pour dénoncer la terreur et l'extrémisme, réaffirmant que l'islam enseigne qu'il faut sauver la vie humaine, et non la dérober. Des Américains musulmans servent notre pays avec honneur au sein des forces armées. Dans le cadre de l'iftar prévu au Pentagone la semaine prochaine, hommage sera rendu à trois soldats qui ont perdu la vie en Irak et qui reposent désormais parmi les héros du Cimetière national d'Arlington.
Ces Américains musulmans sont morts pour la sécurité dont nous dépendons et pour les libertés que nous vénérons. Ils appartiennent à cette lignée ininterrompue d'Américains qui remonte jusqu'à l'époque de notre fondation : des Américains de toutes les religions qui ont servi dans les forces armées et se sont sacrifiés pour porter la promesse de l'Amérique à de nouvelles générations et pour garantir que ce que l'Amérique a d'exceptionnel soit protégé - notre engagement à rester fidèle à nos valeurs fondamentales et notre capacité à perfectionner lentement mais sûrement notre union.
Car, en fin de compte, nous demeurons « une nation, unie sous l'autorité de Dieu, indivisible ». Et nous ne pourrons réaliser « la liberté et la justice pour tous » que si nous vivons selon cette règle qui est au cœur de toutes les grandes religions, y compris l'islam, à savoir- Agis envers les autres comme tu voudrais qu'ils agissent envers toi.
Je vous remercie de votre présence. Je vous souhaite un ramadan béni. Et sur ce, je vous invite à manger. (Applaudissements)
(Fin de la transcription)
(Diffusé par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
Site Internet : http://www.america.gov/fr/)

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