dimanche 30 juin 2013

Niger: la spéculation plonge les musulmans dans la psychose, à la veille du ramadan

Une semaine avant le début du jeûne de ramadan, attendu la semaine prochaine, les Nigériens commencent déjà à vivre dans leur chair les affres de la flambée des prix des produits de première nécessité.
Comme d'habitude, en cette veille du mois béni de ramadan, les commerçants, sans aucun scrupule, seuls maitres de la situation, profitent de la forte demande, pour s'adonner à une spéculation des prix de certains produits de première nécessité, tels que les céréales, le sucre, les légumes et fruits, la viande et le poisson, les condiments.
Ceci est pratiqué, au nez et à la barbe des autorités compétentes, et en dépit de tous les engagements pris par leurs différents syndicats, de diminuer ou garder à l'état, pour certains, les prix de ces produits, malgré les multiples interpellations et appels au civisme des organisations de défense des droits des consommateurs, ainsi les prêches quotidiens des Ulémas, à l'endroit des commerçants, à travers les médias.
Aujourd'hui, déjà, sur les différents marchés de la capitale, certains produits comme le sucre, les dattes, les fruits, le gingembre, la volaille, sont déjà inaccessibles aux consommateurs.
Pour Cheik Boureima Daouda, "c'est faire preuve de sans coeur, ni foi que de vouloir profiter du mois béni du carême, pour faire fortune sur le dos de ses frères musulmans, au lieu de les aider à accomplir cet important pilier de l'islam".
Par exemple le carton de sucre se vent à 25.000 FCFA, la pintade à 4.000 FCFA, la tasse de citron à 600 F, celle du gingembre coûte 1.000 F, le kilogramme de bananes à 750 FCFA et celui de dattes vacille entre 700 et 800 F, selon la qualité.
La société civile en a appelé, dans toutes ses sorties, à une réaction du gouvernement afin d'alléger les souffrances des pauvres consommateurs.
Dans l'optique d'atténuer la surenchère qui s'empare du sucre en période de ramadan, les autorités du Niger ont annoncé que plusieurs milliers de tonnes de sucre seront mises à la disposition des populations à un prix réduit pendant le mois de carême. Cette opération, à en croire le ministre du Commerce, Saley Saidou, contribuera à atténuer la "souffrance" des Nigériens pendant le mois du ramadan.
De son coté, selon le secrétaire général du syndicat national des importateurs et exportateurs, "rien ne vient justifier une quelconque augmentation des prix de première nécessité sur le marché".
Il est à rappeler qu'un forum national sur la vie chère, avait regroupé, l'année dernière, sous la présidence du Premier ministre nigérien, M. Brigi Rafini, les représentants des opérateurs économiques, des services techniques de l'administration, ceux des organisations de la société civile ainsi que des médias nationaux, avec pour seul but de déterminer les actions à mener en vue de combattre le phénomène de vie chère au Niger.
Mais aujourd'hui, à une semaine du carême, la réalité est toute autre. Tout le monde est d'avis que la vie est présentement chère au Niger. Les prix des produits de grande consommation continuent de flamber de jour en jour, pendant que le pouvoir d'achat des ménages s'affaiblit inexorablement.
Les commerçants, sans vergogne, justifient, à qui veut les entendre, la cherté des prix par le cout très élevé du prix d'achat des produits dans leurs pays d'origine, le transport, les droits de transit et de douane.
En somme, tout laisse à croire que, comme d'habitude, cette année encore, les Nigériens doivent s'attendre, impuissants, à une montée fulgurante des produits de première nécessité face à la forte demande pendant le mois béni de ramadan. 
Source (sans l'image)

lundi 17 juin 2013

Islam: pourquoi 72 % des Indonésiens veulent-ils la charia ?

Par Jennie S. Bev*

Santa Clara (Californie) - Le rapport intitulé Les musulmans du monde entier: religion, politique et société publié le mois dernier par le Pew Research Center a suscité de nombreuses réactions dans les médias indonésiens en concluant que 72 % des Indonésiens musulmans, femmes comprises, préféraient la charia. L'enquête a été réalisée auprès de 1 880 Indonésiens dans 19 provinces. 

Qu'indique cette enquête ? 

Le fait qu'un pourcentage élevé d'Indonésiens se réjouit de l'application de la charia ne devrait pas susciter d'inquiétudes compte tenu des différences sémantiques quant à l'utilisation du terme « charia » par les Indonésiens. Les conclusions de l'enquête ne devraient donc pas être interprétées comme un signe d'approbation de la part de la société indonésienne de ce qui est souvent considéré comme un système juridique imposant de sévères châtiments corporels, un code vestimentaire strict et la classification publique des non-musulmans. 

L'islam en tant que religion, système juridique, culture et mode de vie revêt beaucoup d'aspects aux yeux de nombreuses personnes. La définition de la charia diffère d'une personne à l'autre, même parmi les érudits et les chefs religieux. 

Le terme « charia » est souvent associé à l'égalité et à la justice sociale, comme l'indique Amaney Jamal, conseiller spécial auprès du Pew Research de l'université de Princeton. Les mots n'ont pas le même sens pour tout le monde. En arabe, charia signifie « chemin » ou « manière ». Cependant, l'utilisation contemporaine du terme est liée à la loi islamique, à la permission (halal) et à l'interdiction (haram). Un autre sens de charia est associé à la justice sociale et à l'équité aux yeux de ceux qui ont perdu confiance dans leurs gouvernement et institutions. 

En résumé, le rapport du Pew Research doit être lu à la lumière de ces éléments.

Islam : pourquoi 72 % des Indonésiens veulent-ils la charia ?
En Indonésie, la charia est vue à travers un prisme particulier. Par exemple, si l'on s'en tient à une interprétation stricte des principes juridiques de l'islam, les non-musulmans sont considérés comme des citoyens de deuxième ordre. Pourtant, de telles classifications ne sont pas présentes en Indonésie et, qui plus est, violent les principes de la Déclaration des droits de l'homme des Nations unies que l'Indonésie a signée. 

Certains désigneront Aceh, territoire spécial d'Indonésie, pour montrer ce que les Indonésiens entendent par « charia », car les principes juridiques de l'islam exigeant le port du voile pour la femme, l'interdiction de l'alcool et du jeu et l'application du zakat (une exigence de l'islam de donner 2,5 % de ses revenus aux personnes dans le besoin) y ont été adoptés. Si les non-musulmans d'Aceh ne sont pas soumis aux principes juridiques de l'islam, certains pensent qu'ils font l'objet de pressions afin qu'ils y adhérent. Toutefois, les pratiques très particulières d'Aceh ne correspondent pas à celles qui ont cours dans le reste du pays qui est plus syncrétique et qui a choisi de ne pas suivre le modèle d'Aceh. 

Selon Asghar Ali Engineer, érudit indien de l'islam, certaines classifications sont contextuelles et ne sont donc plus valables dans un contexte moderne. Dans un article de 2010, il a parlé expressément de l'esclavage finalement proscrit dans le Coran, notant en outre que les concepts de démocratie et de citoyenneté n'ont, de nos jours, aucun équivalent dans le Coran. Par extension, il suggère que certains concepts compris comme faisant partie de la charia ont eu leur temps et leur place et ne sont plus pertinents dans le contexte actuel. Nombreux sont les érudits musulmans et chefs religieux à travers le monde qui partagent ce point de vue. 

Robert Hefner, professeur à l'université de Boston, a déclaré dans Sharia Politics: Islamic Law and Society in the Modern World (Indiana University Press) publié en 2011 que les Indonésiens musulmans soutenaient fortement à la fois la charia et la démocratie. Le sondage réalisé par le Pew Research Center a également révélé que 61 % des musulmans indonésiens préféraient la démocratie à l'autoritarisme. Il est donc peu probable que la charia prise dans le sens de la loi islamique draconienne imposée sous un régime autoritaire voie le jour. Il est plus logique que charia signifie « société juste et équitable » au sein d'une démocratie. 

Il serait impensable que l'Indonésie, pays souverain ayant adopté la Déclaration des droits de l'homme des Nations unies et actuellement considéré comme une étoile montante du G20, se transforme en théocratie autoritaire. 

Plus de gens devraient être encouragés à étudier le caractère compassionnel de l'islam. La paix et la compassion sont nécessaires pour créer une société juste et équitable. Ces deux facteurs ont probablement influencé la plupart des musulmans indonésiens en faveur de la charia dans ce sondage. 

* Jennie S. Bev est journaliste et chroniqueuse. Elle écrit dans la rubrique “The Global Viewpoint” du magazine Forbes Indonesia et dans la rubrique éditoriaux du quotidien The Jakarta Post.

dimanche 16 juin 2013

Mali: Conférence de la société civile des pays du Sahel les 16 et 17 juin à Alger

Le dialogue, la réconciliation et le rôle de la société civile au Mali seront au centre d’une conférence internationale de solidarité de la société civile des pays du Sahel avec le peuple malien prévue les 16 et 17 juin, a indiqué mercredi à Alger Mohamed Mahrez Lamari, président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS) et porte-parole du réseau algérien des amis du peuple malien.
Dans une déclaration à la presse en marge de l’audience accordée à une délégation malienne au siège du CNASPS, M. Lamari a souligné que la conférence verra la participation de 123 représentants d’organisations de la société civile des pays du Sahel.
"Le terrorisme et le crime transfrontaliers et le rôle de la société civile dans la prévention contre ces phénomènes", "la citoyenneté, la stabilité et la solidarité entre les peuples de la région", les réfugiés, la crise humanitaire au Sahel et la condition de la femme dans la région, seront également au menu de la rencontre.
La société civile des pays du Sahel aura à déployer d’intenses efforts pour "consolider" les liens d’amitié, de fraternité et de voisinage entre ces pays.
Selon M. Lamari, la conférence se veut une "expression de la culture de solidarité que manifeste l’Algérie à l’égard des pays africains depuis l’indépendance".
De son côté, le secrétaire général de la Ligue des imams et uléma des pays du Sahel africain, Youssef Mechria, a indiqué que "la Ligue ne ménagera aucun effort pour diffuser la culture de la paix et du dialogue au Mali à travers sa participation à la conférence internationale de solidarité de la société civile des pays du Sahel avec le peuple malien".
Il a ajouté enfin que les imams de l’Algérie étaient "disposés" à apporter leur aide au Mali à travers un programme dans le cadre de la Ligue des Imams et Uléma des pays du Sahel africain".
Commentaire:
C'est dans le cadre de cette conférence que nous sommes à Alger en ma qualité de Président de la Ligue des Oulémas, Prêcheurs et Imams des Pays du Sahel.
Cheikh Boureima Abdou Daouda

jeudi 13 juin 2013

L’Arabie Saoudite appelle les pèlerins à reporter leur Hajj pour l’année 2013


Selon CNN Arabic, l’Arabie Saoudite a appelé les pèlerins du monde entier à reporter leurs voyages vers le Royaume dans le cadre du hajj ou de la Omra pour l’année 2013, et ce, en raison des travaux d’agrandissement, actuellement en cours, dans la mosquée de La Mecque. Une disposition justifiée par la crainte d’un encombrement au sein de la Mosquée qui accueille plus de 3 millions de musulmans chaque année.
Le Grand Mufti du Royaume, le Cheikh Abdul Aziz bin Abdullah Al-Cheikh, a qualifié cette décision de « nécessaire » affirmant que le fait d’alléger le nombre de pèlerins pour les deux à trois années à venir était dans l'intérêt de la nation à long terme et permettait d’assurer plus de confort aux pèlerins dans leurs rites.
S.T.
Notre commentaire
Information à prendre au conditionnel pour le moment. Qu'Allah choisisse le meilleur pour les musulmans!
Cheikh Boureima Abdou Daouda

dimanche 2 juin 2013

«Je regrette que des oulémas fassent des appels pareils»

CHEIKH BOUREIMA ABDOU DAOUDA, PRÉSIDENT DE LA LIGUE DES OULÉMAS, PRÊCHEURS ET IMAMS DES PAYS DU SAHEL, AU TEMPS D'ALGÉRIE

«Je regrette que des oulémas fassent des appels pareils»

Le Temps d'Algérie : On assiste, actuellement, à une fitna qui est due à la mauvaise interprétation de l'Islam et de sa déformation parfois de façon volontaire. Que conseillez-vous aux musulmans pour éviter la fitna ?
Effectivement, il y a une véritable fitna qui sévit aujourd'hui au nom de l'Islam un peu partout dans le monde, et le conseil que je peux donner aux musulmans en pareille circonstance est de leur dire de se référer aux oulémas reconnus pour leur savoir religieux, leur crédibilité nationale, voire internationale et surtout pour leur sens des responsabilités dans l'orientation et la conduite des affaires de la Oumma. Cela permettra de voir clair, leur évitera d'interpréter les événements à leur manière et de tomber dans l'erreur.
Il faut signaler que la fitna quand elle se déclenche, les conséquences ne se limitent pas seulement à ses auteurs, au contraire, elles peuvent toucher tout le monde, c'est pourquoi Allah précise que «la fitna est plus grave que le meurtre». Sourate 2, verset 191; puis recommande aux croyants le meilleur comportement à adopter : «Et craignez une fitna (calamité, épreuve) qui n'affligera pas exclusivement les injustes d'entre vous…». Sourate 8, verset 25.

Les discours radicaux continuent à être prononcés, non pas seulement au Sahel mais également dans d'autres régions du monde, dont le Moyen-Orient. A quoi est dû tout cela, selon vous ? Et à qui ça profite ?
Personnellement, je n'ai pas connaissance des discours radicaux à part ce que les médias nous rapportent de temps en temps, car j'évite de lire ou d'écouter tout ce qui contredit mes convictions religieuses et ma vision personnelle des choses ; et je conseille aux musulmans d'en faire autant, c'est-à-dire éviter de lire et/ou écouter ces discours radicaux qui peuvent pousser l'ignorant à épouser de mauvaises idées ou idéologies et par conséquent, à tomber dans le filet de la radicalisation.
Pour moi, cette expansion des discours radicaux est due à l'expansion des moyens de communication (radio, télévision, journaux, Internet, réseaux sociaux…) dont le contrôle échappe aux autorités gouvernementales dans le monde. Ainsi, n'importe quel individu peut publier ses idées par le biais d'un portable, d'une page Internet, d'une application, d'un réseau social… sous le couvert d'un pseudonyme avec des fausses coordonnées.
Cela ne profite à personne à part peut-être les fabricants et vendeurs d'armes car partout les gens s'entretuent avec ces armes et généralisent ainsi l'insécurité dans le monde.

Une vidéo a montré un djihadiste arracher et manger le cœur d'un soldat syrien mort au nom de l'Islam. Comment qualifiez-vous cet acte ?
Aoudhou bilah ! C'est un acte ignoble, abominable et condamnable qui ne peut découler que d'un ignorant. L'Islam n'accepte jamais ce genre de comportement cannibale.

Cheikh Al Qaradaoui vient d'appeler les djihadistes à aller combattre en Syrie. Etes-vous d'accord avec cet appel ?
Cheikh Al Qaradaoui est certes responsable de ses paroles et actes et personnellement j'évite de m'immiscer dans les affaires sociopolitiques des autres pays, surtout des pays que je ne connais pas. Je regrette que la situation en Syrie arrive à ce stade et que des oulémas fassent des appels pareils. Il faut que ce soit clair pour tout le monde : il n'y a pas de djihad dans un pays où les gens sont déjà musulmans, ce n'est qu'une fitna dont Allah Seul connaît les tenants et les aboutissants. Les oulémas doivent mesurer la gravité et la responsabilité de certaines de leurs déclarations et leurs conséquences sur la Oumma.
Le régime syrien veut transformer la guerre en Syrie en une guerre entre sunnites et chiites, et malheureusement les musulmans sont sur le point de tomber dans le piège et ce sera la fête pour les ennemis de l'Islam. S'il y a quelque chose que les musulmans pourraient faire pour le cas de la Syrie, c'est d'appliquer les recommandations d'Allah : «Entraidez-vous dans l'accomplissement de bonnes œuvres et la recherche de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression...»
Sourate 5, verset 2. «Et si deux groupes de croyants se combattent, faites la conciliation entre eux. Si l'un d'eux se rebelle contre l'autre, combattez le groupe qui se rebelle, jusqu'à ce qu'il se conforme à l'ordre d'Allah. Puis, s'il s'y conforme, réconciliez-les avec justice et soyez équitables car Allah aime les équitables. Les croyants ne sont que des frères. Etablissez la concorde entre vos frères, et craignez Allah, afin qu'on vous fasse Miséricorde.» Sourate 49, versets 9 et 10.
Voilà ce qu'Allah nous recommande de faire en cas de conflit entre deux groupes de croyants. Je répète que je ne connais pas beaucoup la réalité de la guerre en Syrie mais je prie Allah Tout-Puissant de faire revenir la paix dans ce pays et partout où cette dernière est menacée.

Comment qualifiez-vous le double attentat perpétré au Niger ?
Ce sont des actes terroristes que j'ai dénoncés et condamnés, et pour plus de détails, vous pouvez vous référer à ma page Facebook ou à mon Blog de l'Actualité islamique.

Quelles sont les actions que vous envisagez d'entreprendre dans le cadre de la Ligue des oulémas du Sahel que vous présidez ?
La Ligue des oulémas, prêcheurs et imams des pays du Sahel est toujours à ses débuts. Nous venons juste d'avoir un siège dont l'équipement est en cours. Mais de façon globale, la Ligue compte mettre l'accent sur la sensibilisation religieuse dans les pays membres, car nous sommes conscients que le problème du terrorisme et de ses dérivés est devenu aujourd'hui idéologique.
Or ce qui est ancré dans l'esprit et la conscience, il n'y a qu'une idée contraire plus forte qui peut la faire sortir et c'est la meilleure des solutions, c'est-à-dire amener le dévié à comprendre son erreur lui-même et à l'abandonner. Les autres solutions entraînent souvent, sinon toujours, le durcissement des adversaires dans leur position, voire l'adoption de nouvelles formes de lutte comme on le voit aujourd'hui.
Qu'Allah nous protège davantage, protège nos pays et ramène la paix et l'unité dans le Sahel ainsi que dans les autres pays du monde.
Entretien réalisé par Mounir Abi