Première. Marieme Tamata-Varin (SE) a été élue hier maire de Yèbles (Seine-et-Marne). Un parcours exceptionnel pour cette jeune femme d'origine mauritanienne.
Yèbles (Seine-et-Marne), hier soir. Marieme Tamata-Varin, à la tête de
la liste
qui a raflé les 15 sièges du conseil municipal a été élue maire
par ses colistiers. | (LP/Sé.B.)
SON
VISAGE RAYONNE de
fierté. Marieme Tamata-Varin, 32 ans, est la nouvelle maire (SE) de
Yèbles, petit village de près de 700 habitants au nord-est de Melun
(Seine-et-Marne). Alors que le 1 er tour des élections a montré une forte poussée du FN partout en France, les membres de son conseil municipal, qui ont raflé
les 15 sièges en jeu dimanche dernier, ont élu hier soir à l'unanimité
cette femme noire et musulmane.
Une
première : « Je n'ai pas vu d'autres cas dans l'Hexagone, confirme
Louis-Georges Tin, le président du Conseil représentatif des associations
noires (Cran). Je crois malheureusement qu'elle est une exception. »
« On a enfin réussi à bousculer les a priori, jubile la nouvelle édile de
Yèbles. Les gens s'imaginaient que ce n'était pas possible. Mais si ! ».
Une
campagne virulente
Arrivée à
Paris il y a quatorze ans pour y suivre des études de commerce
international, cette Mauritanienne d'origine a quitté Courbevoie
(Hauts-de-Seine), à la recherche d'espace, pour Yèbles, en 2004. Un an après
s'être mariée à un Tahitien converti à l'islam. Leurs premiers pas dans ce
village de Brie, terre plutôt fertile pour le FN, n'ont pas toujours été
simples. « Les gens nous regardaient bizarrement », se rappelle cette
maman d'une famille recomposée de quatre enfants. Déléguée de parents
d'élèves, elle est approchée par le maire d'alors, en vue d'intégrer sa liste
pour les municipales de 2008 : « Si j'ai été bénévole, c'est parce
que j'avais envie de participer à la vie de la commune, assure celle qui a
obtenu la nationalité française la même année. Je n'avais jamais envisagé de
faire de la politique».
Conseillère
municipale, puis 2 e adjointe, elle s'est démenée afin de
trouver les financements pour construire une école maternelle. Avant de se
lancer en novembre dans la course à la mairie, après un ultime désaccord avec
le maire. Celui-ci figurait sur la liste opposante, montée après sa déclaration
de candidature : « Si j'avais été blonde aux yeux bleus, il n'y
aurait pas eu de liste adverse, mais comme je suis noire et étrangère... »
D'après elle, la campagne a été virulente, elle a même déposé une plainte en
diffamation : « Le vrai racisme, à Yèbles, je l'ai vécu pendant la
campagne, dit-elle. On a sali mon nom. Ça m'a fait beaucoup de mal. Mais je ne
voulais pas être la victime. »
Dans le village, certains se cachent derrière des « sans commentaire » ou des « on n'y peut rien ». D'autres n'ont pas regardé sa couleur : « Je m'intéresse plus à son bilan et ses compétences qu'à sa religion », lance un habitant. « Son bilan parle pour elle », assure un autre.
Dans le village, certains se cachent derrière des « sans commentaire » ou des « on n'y peut rien ». D'autres n'ont pas regardé sa couleur : « Je m'intéresse plus à son bilan et ses compétences qu'à sa religion », lance un habitant. « Son bilan parle pour elle », assure un autre.
Le
Parisien