Engagez-vous ! Les musulmans
britanniques sont de plus en plus nombreux à répondre spontanément à l’appel du
devoir lancé par la « Grande Muette », qui ne l’est plus trop
d’ailleurs quand il s’agit de battre le rappel des troupes, leur désir de
servir sous les drapeaux traduisant un patriotisme renforcé, ainsi que
l’espoir, chevillé au corps, d’éradiquer les préjugés islamophobes sous
l’uniforme de la loyauté par excellence à une nation.
Ces enrôlements volontaires, sur
la courbe ascendante depuis 2007, ont augmenté de 40% notamment dans la Royal
Air Force et la
Royal Navy ,
constituant un phénomène de société qui fait l’objet de toutes les attentions
et décryptages au sein de la communauté musulmane, très divisée sur le sujet,
mais aussi en-dehors.
"Le nombre croissant de musulmans dans les
forces armées est une évolution naturelle, parce que la société britannique est
de plus en plus tolérante et, en conséquence, les jeunes hommes et femmes
de confession musulmane se sentent plus légitimes qu’auparavant à rejoindre
l’armée pour y faire carrière", analyse l'Imam Asim Hafiz,
conseiller islamique du ministère de la Défense et premier aumônier musulman à
avoir officié dans l’armée, fraîchement auréolé d’un insigne titre de gloire en
récompense de ses bons et loyaux services. Celui-ci a été en effet élevé au
rang d'Officier de l’Ordre de l’Empire britannique, au cours d’une cérémonie
solennelle qui a coïncidé avec la grande semaine nationale de la
sensibilisation à l’islam.
Pour l’imam qui bat en
brèche les idées reçues comme les griefs récurrents qui sont faits, par
les leurs, à ces soldats musulmans montés au front dans des théâtres
d’opérations extérieurs tels que l’Afghanistan, il n’y a aucun dilemme
insoluble entre la foi musulmane et le combat sous les couleurs de l’Union Jack
sur une terre musulmane. Point d’incompatibilité majeure entre servir Dieu et
son pays, comme celui-ci le clame haut et fort : "J'ai
rencontré beaucoup de musulmans dans l'armée qui sont très pieux, l’amour
envers son pays et l’engagement auprès de notre communauté sont des parties
importantes de notre foi commune", a-t-il déclaré,
renchérissant : "De loin, le plus gros problème fut la
désinformation sur ce qui a été fait en Irak et en Afghanistan. Nous n'avons
pas combattu les musulmans en Afghanistan, nous avons lutté contre des
criminels qui se réclament de la foi musulmane, voilà la grande
différence", insiste-t-il
avec force.
Pour nombre de soldats et
officiers musulmans, l’armée a été, d'abord et avant tout, un fabuleux tremplin
professionnel, quand la vie civile était soit jonchée de peaux de bananes, soit
le plus sûr chemin vers des voies de garage… Le capitaine Naveed Muhammad,
45 ans, est l’incarnation de cette réussite exemplaire, ne cessant de monter en
grade depuis 27 ans, sans jamais rien renier ni de ses convictions profondes
ni de ses valeurs essentielles.
Le Caporal Saleem Muhammad, 25
ans, engagé dans la Royal Air Force (RAF) en Afghanistan, est, quant à lui,
issu d’une longue lignée de militaires, se disant fier de marcher sur les
traces de son grand-père qui s'était courageusement illustré dans l'armée
britannique pendant la Seconde guerre mondiale, en repoussant les Japonais en
Birmanie. "Nous sommes une famille riche d’une longue
histoire militaire, par conséquent mes parents ne pouvaient qu’approuver mon
choix de carrière. Certes, certains de mes amis ou proches m’ont fait des
remarques, parfois désobligeantes, au sujet de mon islamité et des combats
menés sur des terres musulmanes. Mais, une fois que je leur ai expliqué le sens
profond de mon engagement au sein de l’armée, la communauté musulmane dans son
ensemble s’est montrée compréhensive", a-t-il assuré dans un
entretien accordé à The Independant, même si, comme le souligne le quotidien
britannique, l’engagement militaire des sujets musulmans de Sa Gracieuse
Majesté est devenu la question qui fâche dans les réunions de famille.
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