Fin du troisième
atelier de la Ligue des Oulémas, Prêcheurs et Imams des Pays du Sahel
La
Ligue des Oulémas, Prêcheurs et Imams des Pays du Sahel a tenu du 3 au 4
novembre 2015 à Alger son troisième atelier pour les membres du bureau exécutif
sous le thème: «Les expériences religieuses des
Pays du Sahel dans le cadre de la lutte contre la radicalisation et
l’extrémisme violent», les 3 et 4 novembre 2015.
L’atelier
a vu la participation des représentants des pays suivants: Algérie, Burkina
Faso, Côte-d’Ivoire, Guinée Conakry, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria et Sénégal.
Voici
l’intégralité de l’allocution que j’ai prononcée à l’ouverture de cet atelier
en ma qualité de Président:
Chère
auguste assemblée
Assalamou
alaikoum wa rahmatoullah! (que la paix et la miséricorde d’Allah soient sur
vous)!
Je
voudrais tout d’abord remercier notre Seigneur Allah par la Volonté de qui se
réalisent les bonnes actions, qui a facilité le déplacement des uns et des
autres pour la tenue de ce 3e atelier de la Ligue des Oulémas,
Prêcheurs et Imams des Pays du Sahel.
Mes
remerciements vont ensuite aux autorités algériennes pour tout le soutien
qu’elles ne cessent d’apporter à notre Ligue, soutien sans lequel, la Ligue ne
pourra pas atteindre ses objectifs fixés. Nous ne pouvons que prier Dieu en Lui
demandant de bénir davantage l’Algérie, son peuple et ses dirigeants politiques
et religieux! Qu’Il fasse descendre davantage sur eux, Ses miséricordes, Ses
bienfaits et Sa protection de façon permanente!
Je
remercie également L’UFL non seulement pour ses efforts qui ont conduit à la
création de notre Ligue mais aussi et surtout pour ses sages directives et
orientations et la disponibilité permanente de ses membres.
Je
remercie tous ceux qui ont participé de près ou de loin à l’organisation de ce
présent atelier en particulier les organisateurs qui n’ont ménagé aucun effort
pour nous réserver un accueil chaleureux et pour nous avoir mis dans les
conditions optimales de commodités, ce qui nous permettra sans nul doute de
mener nos travaux avec efficacité. Qu’Allah inscrive leurs efforts dans la
balance de leurs bonnes actions!
Je
n’oublierai pas de remercier enfin tous ceux qui ont fait le déplacement pour
venir honorer de leur présence l’ouverture de cet atelier malgré l’agenda très
chargé de beaucoup d’entre eux. Merci donc à tous!
Honorable
assistance!
Depuis
2011, le Sahel vit une situation d’insécurité grandissante née des événements
sociopolitiques qui se sont passés en Libye et au Mali d’une part et des troubles
socioreligieux causés par Boko Haram au Nigeria d’autre part. La recherche des
solutions diversifiées et durables à cette situation, nécessite l’implication
de toute la population en général et en particulier celle des leaders d’opinion
plus précisément les leaders religieux -vu la coloration religieuse de ces
menaces- car les leaders religieux sont non seulement à l’avant-garde des
questions socioreligieuses dans les villes et les villages mais incarnent
surtout l’opinion, la vision et l’orientation des fidèles. C’est dans ce cadre
que la Ligue des Oulémas, Prêcheurs et Imams des Pays du Sahel a été créée le
30 janvier 2013 à Alger en vue de participer à long terme à une solution
définitive du phénomène de la radicalisation religieuse qui est à la base de
l’extrémisme religieux violent dans la plupart des cas.
La
lutte contre l’extrémisme violent comporte en effet sept voies principales résumées
(abrégées) en PRIMEES:
1) la
voie Politique,
2) la
voie «Renseignements»,
3) la
voie Idéologique,
4) la
voie Militaire,
5) la
voie Educative,
6) la
voie Economique
7) et
la voie Sociale.
On
constate un peu partout que l’accent a beaucoup été mis sur les voies Nos
1, 2 et 4 (politique, renseignements et militaire) en défaveur des quatre autres
voies (idéologique, éducative, économique et sociale) malgré leur importance.
Chère
auguste assemblée, la radicalisation religieuse est un concept idéologique
ancré dans l’esprit de ses victimes, par conséquent, il n’y a qu’une
idéologique contraire qui est capable de la déraciner et de l’extirper des
esprits et des mentalités d’où l’importance et l’indispensabilité de
l’implication des Religieux Musulmans pour déradicaliser les
victimes de la radicalisation et faire éviter aux populations de tomber dans le
filet de la Radicalisation religieuse qui conduit à l’extrémisme puis au
djihâdisme.
La
«Radicalisation Religieuse» comme on le voit, est une maladie de société et
comme toute maladie, son remède ne consiste pas à s’attaquer à ses symptômes ou
manifestations seulement (discours radical, rébellion armée, atteinte aux vies
innocentes des individus et des groupes, terrorisme organisé…).
Au
contraire, il faut des solutions à la fois préventives et curatives ainsi que
des actions d’accompagnement ou mieux de suppléance.
La
Déradicalisation Religieuse demeure une responsabilité commune et à ce titre
exige l’implication de tous les acteurs de la société.
Les
solutions ne doivent pas être militaires seulement car une intervention
militaire peut repousser les terroristes voire les tuer mais ne tue pas le
terrorisme lui-même c’est-à-dire l’idéologie (la Radicalisation) qui est à la
base de ce terrorisme. C’est pourquoi, après une intervention militaire contre
des terroristes, le terrorisme résiduel persiste chez ceux qui ne sont pas tués
ou arrêtés et ils n’hésitent pas à se venger n’importe où et n’importe quand,
chaque fois qu’ils trouvent l’occasion de le faire même en se faisant
«kamikazer» car ils sont convaincus que s’ils meurent, ils meurent martyrs. C’est
exactement ce qui se passe en Afghanistan, en Somalie, en Iraq, en Libye, au
Mali…
Pour
nous religieux, les meilleures solutions seraient celles qui -à travers les
sept volets principaux de la lutte susmentionnés- s’attaqueraient à toutes les
causes principales de la Radicalisation (l’ignorance de
la Religion, la pauvreté, la mauvaise interprétation des textes religieux, la
mauvaise compréhension du concept du Djihâd ou guerre sainte, l’utilisation de
la Religion à d’autres fins, l’exclusion de certains groupes religieux de la
scène sociopolitique, l’injustice des dirigeants, la fuite des responsabilités
des autorités face à la dégradation des mœurs, l’endoctrinement qui conduit à
l’imitation et à l’obéissance aveugles, la recherche de l’héroïsme).
Honorable
assistance,
La
situation sécuritaire sous régionale voire internationale est telle qu’il n’y a
pas aujourd’hui un seul pays du monde en général et un seul pays africain en
particulier, dans lequel il n’y a pas un problème de sécurité lié à la
radicalisation ou à l’extrémisme violent. Devant cette menace sécuritaire dans
chaque pays, l’appel à l’unité nationale et l’enseignement des valeurs de paix,
deviennent une nécessité incontournable de premier plan. Et c’est ici que va se
révéler le rôle des Oulémas en général et particulièrement celui de notre
Ligue.
Héritiers
des Prophètes de Dieu, Dépositaires de la science religieuse et Guides de la
Communauté, les Oulémas, les Prêcheurs et les Imams, doivent non seulement être
au-dessus de la mêlée sociopolitique mais surtout jouer leur rôle d’éclaireurs
de la communauté. Ils doivent non seulement être des médiateurs et des arbitres
impartiaux dans la recherche des solutions aux différents problèmes de la
société, mais aussi et surtout concourir à réaliser l’unité nationale, à la
préserver, à la consolider et à la pérenniser en donnant eux-mêmes l’exemple de
cette unité en leur sein car ils ne pourront jamais unir les autres étant
eux-mêmes divisés.
Les
défis multiples auxquels notre sous région fait face aujourd’hui ne nous
laissent aucun choix hormis celui de l’unité, de la conjugaison des efforts et
des moyens afin de préserver les atouts existants et de restaurer ceux perdus.
Certes, tous les pays ne vivent pas les mêmes problèmes même s’il y a des
fortes similitudes entre eux, raison pour laquelle il ne peut pas avoir de
solutions standardisées et stéréotypées pour tous les pays.
Cet
atelier vient, on ne peut plus, à point nommé pour nous permettre de connaître
les expériences des pays du Sahel dans la lutte contre la radicalisation et
l’extrémisme violent et d’en tirer profits et leçons.
Je
ne terminerai pas mon allocution sans présenter nos sincères condoléances aux
familles des victimes de deux accidents qui se sont passés à la Mecque, le
premier quelques jours avant le Hadj et le second pendant le déroulement du
Hadj, et ayant causé la mort de plusieurs centaines de pèlerins et la blessure
de plusieurs centaines d’autres.
Qu’Allah pardonne et fasse miséricorde aux victimes, accorde prompt
rétablissement aux blessés et donne du courage et de patience aux familles
touchées!
Que
Dieu vous bénisse tous ainsi que nos pays respectifs!
Je
vous remercie
Fait
à Alger, le 3 novembre 2015
Cheikh
Boureima Abdou Daouda
Président de la
Ligue des Oulémas, Prêcheurs et Imams des Pays du Sahel
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