Analyse de la situation sociopolitique du Niger
Par Cheikh Boureima Abdou Daouda
Imam de la Grande Mosquée de l’Université de Niamey
Président de la Ligue des Oulémas, Prêcheurs et Imams des Pays
du Sahel
Louanges
à Allah, Seigneur de l’Univers, que la prière d’Allah, Son salut, Sa
miséricorde et Ses bénédictions soient sur notre Prophète et Guide Mouhammad,
sur sa sainte Famille et ses fidèles Compagnons!
Il
m’arrive de temps en temps de suivre à la télévision nationale la présentation
des programmes de différents candidats aux présidentielles du 21 février 2016
et cela a fini par susciter en moi cette courte analyse centrée autour de
certains constats.
J’ai
donc entendu chacun de ces politiciens -que j’ai pu suivre-, présenter son
programme de campagne électorale centré autour de X
points qu’il juge extrêmement importants et fondamentaux pour créer «un nouveau Niger».
Le premier constat que j’ai fait en tant
que Religieux et Neutre par rapport à tous ces partis et non
par rapport au pays et à ce qui le concerne, c’est l’absence totale de Dieu et
de Sa Religion dans leurs programmes même si tous L’invoquent dans leurs
meetings et Le font invoquer par des «Marabouts» plus ou moins payés.
Même
si je comprends la raison de l’absence de Dieu dans ces programmes (car ils se
basent sur un concept -la démocratie-, venu d’ailleurs que de l’Islam et
ils seront présentés à des partenaires qui ont exclu Dieu de leurs affaires et
de leurs pays), je dirai que c’est le premier et le plus grand faux pas que ces
futurs présidents ont fait surtout en tant que musulmans cherchant le pouvoir
pour présider aux destinées d’un peuple à plus de 99% musulman. Or, notre
Prophète Mouhammad prière et salut d’Allah sur lui, a bien dit: «Toute œuvre importante qui ne commence pas par le nom
d’Allah «Bismillah» est dépourvue de bénédiction (divine)».[1]
Y
a-t-il donc quelque chose de plus important pour ces candidats que leurs
programmes? Et comment ces programmes seront-ils bénis si Dieu et Sa Religion y
sont exclus? Qui ignore le poids, l’importance et la place de la Religion pour
l’ignorer dans ses programmes surtout à l’heure actuelle où des individus et
des groupuscules se réclamant de la Religion Islamique, en ont fait une source
de problème et d’insécurité pour le pays?
Et
après, on va jurer sur le Coran!!! Quel paradoxe?
Le deuxième constat que j’ai fait en
observant les comportements des politiciens et de leurs partisans bien avant la
campagne électorale, est le fait que la pratique de la démocratie (et non la
démocratie elle-même) au Niger, est en train de diviser la société à tous les
niveaux: dans la famille, dans le quartier, au niveau du service, dans les
villes et le pays. Non seulement les gens se divisent de plus en plus à cause
des partis politiques mais deviennent surtout intolérants les uns à l’égard des
autres, oubliant même les facteurs fondamentaux qui les unissent dont la
patrie, la Religion, les liens de parenté…
Ce
qui est préjudiciable pour la stabilité du pays est le fait que ces politiciens
vont continuer à nourrir et à entretenir cette division même après les
élections.
Le troisième constat que j’ai fait en suivant
la présentation de quelques programmes des candidats aux présidentielles du 21
février 2016, est le caractère fascinant voire envoûtant de chaque programme
qui se résume en X points et chaque candidat affirme que son programme va
changer le Niger et apporter le bonheur pour les fils et filles de ce pays mais
à la seule condition qu’il soit élu. Autrement dit, s’il n’est pas élu, il
remettra son programme dans sa poche ou dans son tiroir jusqu’aux élections
prochaines.
Et
c’est ici que chacun peut voir le paradoxe du politicien: s’il n’est pas aux
commandes du pays, eh bien tant pis pour le pays et tant pis pour le peuple! Où
est donc le patriotisme ou l’amour de la patrie? Où est donc l’altruisme ou
l’amour désintéressé des autres?
Je
pense que si chaque candidat -qu’il soit élu ou non-, essaie de réaliser son
programme, le Niger se développera en peu de temps et ce sera un atout très
important pour celui qui voudra se présenter aux prochaines élections car il
aurait prouvé son utilité et son amour pour le peuple et surtout sa capacité de
servir le pays et non de s’en servir ou d’asservir ses compatriotes.
Le quatrième constat qui se dégage à travers
cette courte analyse de la situation électorale, est la confusion
qu’entretiennent certains candidats qui crient au changement pensant que ce
dernier s’opère uniquement à travers l’âge des personnalités politiques alors
que le véritable changement est celui des mentalités. De quoi peuvent se
prévaloir les jeunes personnalités politiques s’ils usent des mêmes subterfuges
que leurs prédécesseurs comme l’achat des consciences, l’écart de langage à
l’égard des autres candidats et autres comportements incongrus?
Le cinquième constat est relatif à
l’électorat chez qui la campagne électorale est synonyme de gagne-pain ou
synonyme de «guerre» entre les différents candidats.
Pour
beaucoup d’électeurs, la campagne électorale est un gagne-pain et ils assistent
aux meetings uniquement dans le but d’avoir leurs parts dans la distribution
des sous. Ceux-là ne pourront pas défendre la cause d’un parti ni faire élire
un candidat car ils ne suivent que leurs intérêts et non des idéaux ni un
programme. Ce sont eux qui faussent le calcul et déçoivent les candidats qui
mettent leur espoir en eux.
Pour
d’autres électeurs, les élections sont synonymes de guerre entre les différents
candidats et leurs partisans et chacun voue son alliance à celui-ci ou à
celui-là à cause de l’ethnie, de la langue ou de la région. Sur ces fausses
bases de l’alliance, le pays est en train de perdre ses atouts fondamentaux
dont l’entente, la cohésion sociale, l’amour, la fraternité… Ce qui sera
regrettable et à craindre, c’est le fait que cet état de division sociale va
continuer encore peut-être de façon plus grave et plus pernicieuse même après
les élections comme on a l’habitude de le voir dans ce pays. Qu’Allah nous en
préserve!
Voilà
de façon très brève, ce que la situation sociopolitique m’inspire comme
analyse. Je reste convaincu et garde l’espoir que les fils et les filles de
notre cher pays le Niger, ont encore devant eux l’occasion de surpasser leurs
querelles et tiraillements politiques pour s’atteler au vrai combat contre les
défis majeurs qui se dressent devant le pays à savoir: les problèmes de la
pauvreté, de l’éducation, de la santé, du développement intégral, du retard
scientifique, technologique et militaire…
Qu’Allah
choisisse pour le Niger les meilleurs candidats aux présidentielles et aux
législatives, ceux dont le mandat apportera des changements positifs au Niger
et à tous ses fils sans aucune distinction.
Qu’Allah
bénisse et protège davantage le Niger et son peuple!
Qu’Allah
vous bénisse, vous qui avez pris le temps de lire cette analyse!
Cheikh
Boureima Abdou Daouda
Niamey,
le 15 février 2016.
Le
terme «Abtar » signifie sans postérité, sans suite donc une œuvre non
bénie
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire