A
propos de la fête de Tabaski au Niger
Il
faut préciser de prime abord que la fête de sacrifice est une fête particulière
aux pèlerins dans la mesure où le sacrifice fait partie du rituel du Hadj pour
celui qui a opté pour le rite de Tamattou’ou (Oumra + vie normale +
Hadj) ou Qirân (Oumra suivie du Hadj).
Les
autres musulmans (non pèlerins) ont été associés au sacrifice de la fête par
extension de la miséricorde d’Allah.
Une
fête intervient normalement après une épreuve qu’on a affrontée avec succès et
c’est ce qu’on appelle aujourd’hui l’arrosage dans le langage académique ou
scolaire.
Les
pèlerins ont affronté l’épreuve du Hadj:
-
voyage de chez soi à la Mecque,
-
accomplissement de la Oumra,
-
déplacement entre les différents lieux saints de l’Islam:
*
de la Mecque à Mina,
*
de Mina à Arafa,
*
d’Arafa à Mouzdalifa,
*
de Mouzdalifa à Mina
*
et de Mina à la Mecque…
Chacune
de ces étapes constitue une épreuve sur les différents plans: physique, moral,
spirituel, financier, comportemental…
Il
est donc normal et logique pour le pèlerin ayant traversé avec succès ces
différentes épreuves, de fêter c’est-à-dire de manifester sa joie et sa
gratitude envers son Seigneur d’où la fête de sacrifice qui intervient le 10
Zoul-Hidjah (le douzième mois du calendrier islamique) de chaque année après le
retour de Mouzdalifa à Mina.
Parmi
les actes qu’accomplit ce jour-là le pèlerin, il y a le fait de se raser et d’immoler
une bête pour Allah pour en manger et en faire aumône. Le sacrifice intervient
après la prière de la fête (Id) et se poursuit jusqu’au coucher du soleil du 13e
jour de Zoul-Hidjah autrement dit, il est permis de sacrifier le 10, le 11, le
12 et le 13 Zoul-Hidjah.
Cette
fête de Tabaski doit être célébrée mondialement le même jour dans le monde
musulman car elle intervient au lendemain de la station des pèlerins à Arafa et
il n’y a qu'un seul Arafa dans le monde. Cette station a lieu aujourd’hui en
direct grâce aux nouveaux moyens de communication à travers le monde entier.
Dans
le passé où les gens n’avaient pas d’information précise sur la station à
Arafa, chaque pays ou entité géopolitique tenait compte de sa vision de la lune
de Zoul-Hidjah pour fêter le dixième jour. La Ligue Islamique Mondiale avait
même l’habitude d’informer les pays du monde musulman sur le Jour d’Arafa afin
que les musulmans non-pèlerins de par le monde puissent jeûner ce jour-là et
avoir la récompense dudit jeûne.
Je
ne connais pas personnellement un autre argument qui permet de retarder la fête
de la Tabaski deux jours après Arafa à part cette considération de la vision de
la lune qui ne tient plus aujourd’hui puisque le jour d’Arafa est déterminé par
la vision du pays dans lequel se trouve Arafa c’est-à-dire l’Arabie Saoudite.
Les
musulmans non pèlerins, subissent eux aussi une épreuve: celle du jeûne du Jour
d’Arafa, ce qui leur permet de fêter à leur tour par association aux pèlerins
et donc de sacrifier des animaux, d’en manger et d’en donner une partie aux nécessiteux.
Il
en va de même pour la fête de Ramadan, elle intervient après une épreuve que
subissent les musulmans à savoir le jeûne du mois de Ramadan et elle est
sanctionnée par la Zakatou-Fitr (Aumône de Rupture Finale) qui est prélevée non
seulement pour les jeûneurs mais aussi pour tous les autres musulmans par
extension de la miséricorde divine.
En principe, la célébration de la fête de Tabaski doit
refléter l’unité des musulmans non seulement au niveau national mais également au niveau mondial.
Mais quand cette fête devient
un objet de division entre les musulmans puisque certains veulent fêter le
lendemain d’Arafa et d’autres veulent se baser sur leur vision de la lune, il
appartient à l’Autorité politique de prendre les mesures qui s’imposent afin de
garantir l’unité des musulmans. C’est ce qui s’est passé il y a quelques années
au Burkina Faso quand certains musulmans ont fêté le lendemain d’Arafa et
d’autres deux jours après; l’Etat en tant que Garant de l’unité nationale a non
seulement envoyé la sécurité pour protéger ceux qui ont fêté le lendemain
d’Arafa mais il a aussi tranché la question en déclarant que désormais la fête
de Tabaski intervient après la station à Arafa.
Je pense personnellement que
nos autorités politiques à la tête desquelles se trouvent des musulmans doivent
réfléchir à la question pour éviter toutes ces polémiques qui ne font
qu’enfoncer et remuer le couteau dans la plaie de la division et de la haine
réciproque qui prévalent au niveau de certaines couches sociales.
En attendant cette décision de
l’Autorité politique, je demande aux musulmans de faire preuve de patience et
de fêter le jour fixé par le Conseil Islamique si celui-ci ne peut pas revenir
sur sa décision. Je ne vois pas à qui profitera une division des musulmans
jusque dans leur culte qui devrait les unir et les souder comme un seul corps.
Qu’Allah nous éclaire et nous
guide davantage! Qu’Il nous bénisse et nous conforme davantage à ce qu’Il aime
et agrée! Qu’Il aide nos autorités à prendre la mesure qui fera l’unanimité et l’unité
de la communauté! Qu’Allah bénisse le Niger et son peuple!
Cheikh Boureima Abdou Daouda
La Mecque, le 26 août 2017
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